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La peur
La peur
Peur de l’enfant qui a fait une bêtise
Qui a dans la tête la hantise
De recevoir de son père une fessée,
Pantalon baissé.
Il se blotti dans les bras de sa mère
Lui expliquant ses misères,
Doucement il sanglote,
Craignant une première calotte,
Que la mère ne donnera pas
Du fait de son mea-culpa.
A son mari, elle ne dira rien
Expliquant à son enfant la valeur du bien.Peur de l’adolescente assise sur le canapé
Colée à sa mère comme une rescapée,
N’osant lui avouer qu’elle a un petit copain,
Qui l’invite à son anniversaire le lendemain.
Peur de l’adolescent qui doit faire la même démarche
Devant son père il a osé passer la marche,
Et attend tout tremblant les quelques mots,
Qui lui causeront de nombreux maux :
Non, tu es trop jeune pour te lier à une copine
Tu as encore besoin de prendre des vitamines.
Penses d’abord à tes études et à on bac,
Tu dois encore étudier Balzac.Peur de la jeune mariée au bras de son père
Qui va dire « oui » sans faire marche-arrière,
Devant toute sa famille, dans l’église, réunie,
Devant quelques amies déjà désunies.
Sera-t-elle à la hauteur de ce que lui demandera son mari,
Sera-t-il trop vite assombri ?
Le jeune homme installé avant elle dans le chœur de l’église,
N’est pas plus à l’aise, il se culpabilise.
Est-ce que je serai l’homme qu’elle attend de moi,
Saurais-je lui caché tout mon émoi ?
Face à face, ils se diront oui d’une petite voix
Dans leur cœur règne un grand effroi.Peur d’un chauffeur victime d’un accident
Survenu brutalement ;
Un véhicule, la priorité à droite n’ayant pas respecté,
Lui a coupé la route à un endroit très accidenté.
Sa femme, ses enfants, ses parents traversent son esprit,
La lumière a disparu, tout est gris.
Tout tremblant, titubant, il descend de voiture
Devant lui, tout est obscur.
L’autre conducteur le rejoint aussi mal foutu ;
Il s’excuse, il ne comprend pas, il est abattu
Pour faire le constat, il est dans un mauvais état.
La peur s’efface peu à peu, seuls les véhicules sont en mauvais état.Peur du malade allongé sur son lit vêtu de la tenue bleu
Il attend son départ pour le bloc opératoire.
A sa femme, il n’a fait aucun aveu
Mais dans son cœur, il a perdu tout espoir,
De reprendre son travail à l’usine.
Il sera handicapé et ne pourra plus travailler la résine.
Un cancer ne peut être que le diagnostique de la coloscopie
Internet, dans sa tête, l’article il en a fait une copie.
Le chirurgien le rassure rapidement
Rien de particulier, revenez dans cinq ans,
J’ai pu enlever quelques polypes très petits
Dans quelques jours vous retrouverez vos amis.Peur de la personne âgée
Sa vie, elle voudrait l’abroger.
Seule, abandonnée par les siens
Ses quatre murs sont ses seuls biens.
Elle attend le verdict du médecin
Qui doit venir ce matin,
Pour un nouveau séjour à l’hôpital
Qu’elle abordera toute pale
Sachant qu’elle y restera
Et jamais dans ces quatre murs, ne reviendra.
Elle ne sera pas centenaire
Ce n’est plus son affaire.
(20/11/2018)
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Commentaires
5maposieMercredi 21 Novembre 2018 à 08:42Dans le fond la vie c'est quoi, des larmes, des rires, des peurs, des hardiesses, un menu varié servi du printemps à l'hiver de nos âges...
La peur qui nous accompagne toute notre vie tant qu'elle nous empêche pas de réaliser nos projets.Bonsoir Daniel
Défi bien relevé j'ai l'impresion de revivre enfant ainsi de suite dans la suite de ma vie j'ai mis en ligne tes messages sont bien arriver passe une bonne soirée bisous merci pour ta fidélité
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Toutes ces peurs qui jalonnent nos vies ! Elles sont si nombreuses qu'on pourrait s'en servir pour marquer chaque étape de nos existences, ce que tu as fais brillamment dans ce poème. Mais l'essentiel est de ne pas avoir peur de vivre. Les peurs sont inévitables, et certaines sont marquantes, mais l'important est d'apprendre à les apprivoiser et un jour à les gérer.
Bonne journée !
Amicalement,
Martine